Est-ce à dire que les Français n'aiment pas le roman d'énigme? Agatha Christie demeure très populaire, et Paul Halter bénéficie d'un lectorat fidèle et enthousiaste. Le grand public fait des triomphes à des auteurs et des séries télévisées très proches du genre. Alors pourquoi ce relatif désintérêt?
Il y a d'abord le rejet ancien d'un roman d'énigme - forcément "anglais" - qui serait aride, mécanique, ennuyeux. Le roman policier français, même dans sa forme la plus classique, s'est toujours voulu libre de tout carcan formel et porteur d'ambitions "littéraires" a priori incompatibles avec un modèle jugé stérile et trop contraignant. Il y a ensuite la longue et persistante hégémonie du noir sur le paysage policier français. Même si la situation a un peu évolué au cours des deux dernières décennies, le noir - ou ce qui passe pour tel - continue de se tailler la part du lion dans les rubriques spécialisées comme à la saison des prix. Et le terme "roman noir" englobe désormais toutes les formes de littérature criminelle, au prix de contresens flagrants (je me souviens notamment d'un journaliste parlant de P.D. James comme de "la reine du roman noir"!)
Tout cela aboutit à la marginalisation d'un genre qui mérite pourtant beaucoup mieux que les clichés auxquels le réduit une certaine critique qui pense en avoir fait le tour en lisant quelques romans d'Agatha Christie (et qui découvre Margery Allingham avec soixante ans de retard...)
Que faire? En parler, pour commencer. Et c'est pourquoi je vais tâcher à l'avenir de bloguer davantage en français. Qui sait? Je ferai peut-être école, et inciterai les autres fans francophones de whodunits et de chambres closes à sortir du bois. Après tout, il n'est pas interdit de rêver.
1 commentaire:
Bonne idée d'écrire plus en français!
Je trouve curieuse cette façon de voir le roman d'énigme comme quelque chose d'ennuyeux, alors que cette forme de fiction est souvent hautement amusante et captivante (en particulier les histoires de crimes impossibles mais aussi une large part des whodunnits classiques).
Il serait difficile actuellement de créer une dynamique sur le Web (faute de combattants). Peut-être un regain de publications de nouvelles et romans énigmatiques permettra-t-il d'envisager le développement de sites ou de blogs aptes à trouver leur public.
Je n'envisage pas pour l'instant de m'investir dans l'écriture d'un blog régulier exclusivement en français sur le sujet, sachant que l'exercice a toutes les chances de n'intéresser qu'un lectorat confidentiel.
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