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Sur les traces du serpent (The Trail of the Serpent) est le premier roman de Braddon, publiée en 1860. Le livre suit pour l'essentiel les faits et méfaits d'un sinistre individu se faisant appeler Jabez North puis plus tard Robert (de) Marolle, et dont le moins que l'on puisse dire est que les scrupules ne l'étouffent pas dans sa quête forcenée de la richesse et du pouvoir. Il se rend directement ou indirectement coupables de plusieurs morts avant de trouver son maître en la personne d'un inspecteur qui, pour être muet, n'a pas les yeux dans sa poche.
Bien que la quatrième de couverture insiste sur le rôle "fondamental" de ce personnage, Sur les traces du serpent n'est pas un roman policier au sens moderne du mot. Le coupable est connu dès le départ, l'enquête ne démarre pas avant la moitié du livre et le détective doit au moins autant à la chance qu'à ses talents déductifs. L'intérêt historique est donc limité. Quid de l'intérêt littéraire?
Pour un jeune auteur dont c'est la première oeuvre publiée, Braddon fait montre d'une bonne maîtrise du récit et d'une forte personnalité, manifeste dès l'ouverture du livre, laquelle est une manière de tour de force. Elle sait écrire et fait preuve d'une belle verve satirique. Mais c'est un jeune auteur, et à ce titre elle ne sait pas se borner. D'où une tendance lassante à la longue à se regarder écrire, à sermonner et à coucher sur le papier tout ce qui lui passe par la tête. Surtout, elle reste prisonnière des conventions de l'époque. L'intrigue manque de rigueur et multiplie coïncidences et épisodes mélodramatiques; le dialogue, parfois brillant, est souvent ampoulé à l'extrême - et le narrateur omniscient est tellement intrusif et verbeux que celui de Tom Jones est en comparaison un modèle de discrétion et de laconisme.
Est-ce à dire que le livre est illisible? Certes pas. Comme je l'ai dit, Braddon même à ses débuts sait trousser une histoire et créer des personnages intéressants, même si pas particulièrement profonds ni mémorables. Il s'agit juste de savoir à quoi s'attendre; Sur les traces du serpent est une oeuvre de jeunesse, tout à fait agréable si l'on fait abstraction de ses nombreux défauts, et présente tout de même un certain intérêt historique. Mais ce n'est pas le livre à lire si l'on veut s'expliquer la fortune posthume de l'auteur; on lui préférera le déjà cité Lady Audley et, surtout, ses nombreuses et souvent remarquables nouvelles, meilleures souvent que ses romans - comme beaucoup de femmes de lettres de son époque, Braddon n'a pas toujours écrit pour l'amour de l'art, et la prédilection de son époque pour les pavés n'était pas pour arranger les choses.
Posterity is a whismical mistress: a best-selling author in her lifetime, Mary Elizabeth Braddon entered a long period of near-oblivion after her death - most of her books fell out of print and only scholars expressed interest in them. Her comeback in the last thirty years is all the more impressive: suddenly she was hailed as one of the major figures of the sensation novel right up there with Wilkie Collins; her works were reissued and abundantly commented. What's more, she found a place in the genealogy tree of mystery fiction, as Lady Audley's Secret was seen by some as a pionneering work in the genre, equally important as the aforementioned Collins' The Woman in White and The Moonstone.
The Trail of the Serpent (1860) is Braddon's first novel and (mostly) concerns itself with the deeds and misdeeds of a nasty piece of work successively known as Jabez North and Richard (later "Of") Marolles. Not one to be bothered with silly things like ethics, he brings directly or indirectly several deaths and a lot of sorrow before he is finally outsmarted by a mute yet observant detective.
While the blurb of the French edition emphasizes the "fundamental" role of the latter character, The Trail of the Serpent is not a detective novel. There is no mystery as to the identity of the culprit, no investigation until halfway through the book and the sleuth's success owes as much to good luck as to his deductive skills. The book's historical interest is thus limited. What of its literary value?
For a first-published author, Braddon displays a good mastery of storytelling and a strong personality which manifests right from the virtuoso first chapter. She can write and has a sharp wit. Still, she is a freshwoman and has no sense of nuance. Hence a quickly tiresome tendency to overwriting, sermoning and digressing at her heart's content. What's worse, she remains enthralled to the literary conventions of her time. The plot lacks rigour and piles up coincidences and melodramatic situations; dialogue while at times clever is most often laughably purple - and the ominiscient narrator is so intrusive and verbose as to make that of Tom Jones look like the epitome of laconism and discretion.
Is it to say that it is an unreadable book? Certainly not. As I said before, Braddon even at this early stage of her career could tell a story and create interesting, if not particularly deep or memorable, characters. You just need to know what to expect. The Trail of the Serpent is an early work with a lot of appeal to those willing to tolerate its many flaws, and its historical interest is not to be denied. Still, this is not the one to begin with if you're trying to find out what the fuss is about Braddon. The aforementioned Audley is a better place to start, but I for one would recommend to check her abundant shorter fiction which at its best equals and possibly exceeds any of her novels - like many women writers of her time, Braddon didn't always write for the love of the craft; and living in a period when a good novel had to be long didn't make things better.