13/01/2012

Pour saluer Reginald Hill


C'est peu de dire que Reginald Hill, qui vient de nous quitter à l'âge de soixante-quinze ans, n'est pas très connu du public français, bien qu'il ait remporté le Prix du Roman d'Aventures en 1990 pour "Un amour d'enfant" (Child's Play en VO) Il fut ensuite l'un des auteurs-maison du Masque pendant une quinzaine d'années, sans jamais devenir une de ces figures "cultes" que l'on invite dans les festivals et auxquels les revues branchées consacrent leurs numéros. Hill avait le tort d'être étiquetté "classique" - anglais, qui plus est! - dans un pays qui ne jure que par le noir.

Classique, pourtant, Hill ne l'avait jamais vraiment été. Le mot ne peut s'appliquer sans rire à un personnage aussi hénaurme que son héros, le superintendant Andrew Dalziel ("Fat Andy" pour les intimes) Vulgaire, cynique, peu soucieux des règles et des convenances, le bonhomme est une offense permanente au politiquement correct et aux valeurs bourgeoises. Il forme un tandem merveilleusement mal assorti (et donc indestructible) avec le très "civilisé" Peter Pascoe. Tous deux évoluent dans une Angleterre très éloignée du petit monde douillet auquel ceux qui n'y connaissent rien réduisent trop souvent le roman policier anglais. Les thèmes abordés, leur traitement n'ont rien d'édulcoré, bien au contraire. Hill fait preuve du même esprit frondeur dans ses intrigues, et son approche du genre. Si ses premiers livres suivent assez fidèlement les sentiers du police procedural, les oeuvres ultérieures deviendront de plus en plus inclassables, Hill multipliant les expériences narratives, les références littéraires, les emprunts à d'autres genres: l'un de ses derniers romans traduits en français, Soeurs d'armes, réécrit l'Illiade! Toutes ces qualités se retrouvent en mineur dans son oeuvre "non-dalzielienne" comme la série de romans humoristiques mettant en scène le détective privé Joe Sixsmith ou les thrillers signés Patrick Ruell.

Alors oui, certes, ce n'est pas du noir. Ce n'est pas Ian Rankin. Mais il n'y a pas que le noir dans la vie. Et lire Reginald Hill est de ces choses qui la rendent plus belle. Espérons qu'un éditeur nous donne un jour de nouveau cette chance.

Suggestions de lectures:

Le partage des os (Bones and Silence, 1990 - qui valut à Hill le Gold Dagger Award)
Retour vers le présent (Recalled to Life, 1992)
Un si beau tableau (Pictures of Perfection, 1994)
Au bois mourant (The Wood Beyond, 1996)
Les chemins de l'enfer (On Beulah Height, 1998)
Les dialogues des morts (Dialogues of the Dead, 2002)
Good Morning Midnight (2006, inédit en France)

1 commentaire:

Pascal a dit…

Bonjour,

Comme tout cela est bien dit et lui rend justice. Un peu triste d'avoir appris sa mort et de plus située mon jour anniversaire, pour ma part mes titres préférés sont " Les chemins de l'enfer,Un si joli village et Un amour d'enfant " mais toutes ces oeuvres Dalzieienne sont un peu iconoclastes et donc savoureuses à mes yeux. J'espère que nous aurons la chance de voir traduits un jour les derniers opus.
Prions Saint Andy.

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